Face au réchauffement climatique, à quoi ressemblerait la vie d'un enfant né en 2019! Pile ou face, il dépendra des mesures immédiatement mises en place! Voyez plutôt...
ENVIRONNEMENT - Dans quel monde grandiront nos enfants? Une question que tout (futur) parent se pose à un moment ou à un autre. Et s’il y a bien une grande crainte au XXIe siècle, c’est celle du réchauffement climatique.
Justement, la revue scientifique The Lancet publie ce jeudi 14 novembre un nouveau rapport interrogeant l’impact du climat sur la santé. Fruit de la coopération de 35 institutions académiques et agences internationales, l’édition de 2019 “se concentre sur la manière dont la vie d’un enfant né aujourd’hui sera affectée”, explique au HuffPost le docteur Nick Watts, en charge de cette initiative.
Le rapport analyse 41 indicateurs différents, montrant l’impact actuel et futur du changement climatique sur de nombreux domaines. Il explicite l’incidence sur la santé pour un enfant né en 2019, via deux scénarios. Dans le premier, le monde continue sur sa lancée et la température se réchauffe de 3°C supplémentaires d’ici la fin du siècle. Dans le second, l’Accord de Paris est une réussite et les États accélèrent une transition dont on voit poindre, trop faiblement pour l’instant, les prémisses.
Un avenir chaotique
Commençons par la vision la plus déprimante. “Si l’on imagine un enfant né en novembre 2019, il devrait vivre en moyenne jusqu’en 2090, car l’espérance de vie mondiale est de 71 ans”, explique Nick Watts. “On a une idée très vague de ce à quoi ressemblera le monde à ce moment-là, ce qui est inquiétant, mais ce qui est sûr, c’est que tous les indicateurs en termes de santé liés au climat sont mauvais”.
Ainsi, un enfant né aujourd’hui aura plus de risque de souffrir de malnutrition à cause du réchauffement climatique, selon le rapport. En effet, le rendement des cultures est impacté par la hausse des températures. Certes, la technologie a permis d’améliorer la production agricole, mais les choses iraient mieux sans réchauffement climatique. Or, la nutrition des plus jeunes est un des éléments essentiels pour la santé, rappelle le rapport.
Autre problème pour les plus jeunes dans le monde: l’exposition aux maladies infectieuses. Les auteurs citent ainsi le virus de la dengue ou la bactérie Vibrio, notamment responsable du choléra. La hausse des températures dans le monde facilite la transmission de ces maladies. Neuf des dix années les plus adaptées à la transmission de la dengue depuis que l’on suit cette maladie ont eu lieu ces deux dernières décennies.
En vieillissant, les enfants nés en 2019 seront surexposés à la pollution produite par les énergies fossiles, aggravée par la hausse des températures. Ils seront également exposés à plus d’événements climatiques extrêmes, notamment des canicules plus nombreuses, plus fortes et plus longues.
“Enfin, même s’ils sont difficiles à quantifier, les risques induits par le réchauffement climatique, tels les migrations, l’exacerbation de la pauvreté, les conflits violents et les maladies mentales, affectent les personnes de tout âge et de toute nationalité”, rappelle le rapport.
Le choix d’un monde meilleur
“Mais le plus important dans ce rapport, c’est que nous sommes face à deux routes et que nous avons le choix”, affirme Nick Watts. Le rapport évoque aussi ce que pourra voir un enfant né en 2019 dans le futur, si les États et entreprises prennent les bonnes décisions pour le climat.
Ainsi, si l’Accord de Paris était respecté, les engagements tenus et améliorés, et le réchauffement climatique endigué, que vivront nos enfants? Voici ce que rappelle le rapport:
“Un enfant né aujourd’hui verrait la fin du charbon au Royaume-Uni et au Canada pour ses sixièmes et onzièmes anniversaires; il verrait la France bannir la vente de véhicules diesel et à essence pour son 21e anniversaire; et il aura 31 ans quand le monde atteindra la neutralité carbone en 2050. [...] Ces changements dans ce futur alternatif pourraient entraîner un air plus pur, des villes plus sûres, plus d’aliments nutritifs”.
Le rapport rappelle que les prémisses d’un tel mouvement sont déjà là. Les énergies renouvelables ont représenté 45% de la croissance de la production d’électricité en 2018. L’électricité comme carburant a augmenté de 21% entre 2015 et 2016. Mais les efforts sont encore bien trop faibles, surtout quand en parallèle, les subventions aux énergies fossiles, qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars, ont augmenté de 50% sur les trois dernières années.
“Nous avons la technologie pour répondre, nous avons les moyens économiques et financiers”, explique Nick Watts. “C’est une question politique avant tout”.