La plupart des sols européens sont pollués par des pesticides. Aujourd'hui, 2 000 pesticides contenant 500 substances chimiques différentes sont utilisés en Europe, et ce n'est pas rien!
A noter : les sols cultivés pour les légumes racines (carottes, radis, patates douces, pommes de terre, navets...) ont révélé une teneur en résidus de pesticides beaucoup plus élevée que ceux des autres cultures.
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Sondage : Souhaitez-vous l'interdiction des pesticides ?
L'industrialisation de l'agriculture a radicalement transformé le processus de production de nos aliments, mais aussi le tissu social, l'emploi, les paysages et la qualité des écosystèmes. Aujourd'hui, 2 000 pesticides contenant 500 substances chimiques différentes sont utilisés en Europe. Or, les évaluations manquent ou sont incomplètes quant aux conséquences de ces pesticides, sur notre santé mais aussi sur la qualité des sols. De premières recherches menées dans le cadre de deux projets financés par l'UE, iSQAPER et RECARE, montrent que la plupart des sols européens sont contaminés par les pesticides.
Depuis 1960, les rendements mondiaux moyens en riz, en blé et maïs ont plus que doublé, mais dans le même temps, l'utilisation des pesticides a été multipliée par 15 à 20 et l'utilisation des engrais par 7 (Oerke, 2006).
À l'échelle mondiale, environ 3 millions de tonnes de pesticides sont appliquées chaque année. Dans l'Union européenne (UE), il existe près de 500 substances actives dont l'utilisation est approuvée dans les pesticides (CE, 2018), avec des ventes annuelles de 374 000 tonnes de pesticides [données moyennes 2011-2016 pour l'UE-28; (EUROSTAT, 2018)]. En France - leader européen dans l'utilisation de pesticides - l'usage des pesticides augmente, contrairement aux propos rassurants de la filière agro-industrielle.
D'après les résultats d'un article publié dans la revue « Science of the Total Environment », des résidus de pesticides ont été trouvés dans la grande majorité des sols agricoles testés dans 11 pays européens.
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Les chercheurs ont analysé 76 résidus de pesticides différents provenant de 317 échantillons de terre arable. Fait alarmant : 43 des 76 résidus de pesticides testés ont été détectés dans les sols. « Si l'on considère que nous avons testé moins de 20 % des substances actives actuellement approuvées sur les marchés de l'UE, la présence de résidus de pesticides dans les sols est en fait susceptible d'être plus élevée », indiquent les auteurs.
Au final, des résidus de pesticides ont été trouvés dans 83 % des sols agricoles analysés sous forme de 166 combinaisons différentes de pesticides.
Sans surprise, les mélanges les plus couramment détectés aux concentrations les plus élevées étaient le glyphosate, un désherbant très décrié, et son métabolite, l'acide aminométhylphosphonique, suivi du dichlorodiphényltrichloroéthane (le fameux DDT), un pesticide couramment utilisé (mais pourtant interdit dans l'UE depuis 1986) et le boscalide, l'époxiconazole et le tébuconazol, des fongicides à large spectre.
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Les échantillons sélectionnés provenaient de sols utilisés pour la production de céréales, de cultures permanentes, de plantes racines, de cultures industrielles non permanentes, de légumes, de légumineuses sèches, de fleurs et de plantes fourragères.
A noter : les sols cultivés pour les légumes racines (carottes, radis, patates douces, pommes de terre, navets...) ont révélé une teneur en résidus de pesticides beaucoup plus élevée que ceux des autres cultures. En fait, tous les sols analysés qui accueillent des légumes racines contiennent des résidus de pesticides, 85 % d'entre eux contenant des résidus multiples.
Par contre, les sols cultivés pour les légumineuses sèches (haricots, pois, lentilles...), les fleurs et les plantes fourragères, ont beaucoup moins de résidus de pesticides que les sols des autres cultures.
L'agriculture biologique est le meilleur compromis pour cultiver et se nourrir sainement comme le montrent ces listes des fruits et légumes les plus contaminés.
Les méthodes d'évaluation de la toxicité des pesticides sont très insuffisants
La teneur en résidus de pesticides a parfois dépassé les concentrations environnementales prévues pour les sols, mais est néanmoins restée inférieure aux valeurs seuils fixées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Mais il y a tout de même lieu de s'inquiéter, car les méthodes utilisées pour déterminer les valeurs seuils sont inadéquates : « Pour faire homologuer un pesticide sur le marché, seuls cinq animaux qui vivent sous-terre et deux groupes de bactéries sont testés. Mais dans le sol, nous avons plus d'un million d'espèces », explique la professeure Violette Geissen, coordinatrice de projet à l'Université de Wageningen, aux Pays-Bas, dans la vidéo ci-dessous. En outre, « Les autres espèces ne sont pas toutes contrôlées en ce qui concerne les effets des pesticides. Ce qui est véritablement testé n'en représente même pas 1 %. De plus, les mélanges de pesticides dans les sols ne sont pas testés. Différents pesticides peuvent interagir dans les sols ; ensemble, ils peuvent avoir des effets synergiques sur les autres. Personne ne sait vraiment. »
Enfin, l'étude souligne la nécessité de programmes de surveillance des résidus de pesticides et des effets combinés des mélanges de résidus dans les sols. Alors que RECARE (Preventing and Remediating degradation of soils in Europe through Land Care) a maintenant pris fin, iSQAPER (Interactive Soil Quality Assessment in Europe and China for Agricultural Productivity and Environmental Resilience) poursuit ses efforts pour promouvoir des sols sains comme base d'une production alimentaire durable.
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